Les toiles de François
Lagrange sont peuplées de solitudes juxtaposées. Solitudes grouillantes
d’émotions, bruyantes de couleurs qui crient, aboient, jappent
sans gueule leurs frustrations. Ces figures défigurées quasi post
nucléaires interpellent frontalement notre intime solitude, notre
devenir humain.
Ces fantômes tragi-comiques, flashés par François Lagrange semblent
chercher une issue. Espèce de personnages/taches surpris en flagrant
délire, isolés, traqués par des réalités insupportables, peut-être
celles de la nécessité de peindre encore aujourd’hui. L’artiste
les a-t-il arrachées à une narration dont il est seul à connaître
le secret ? Ce n’est pas sans humour que d’une toile à l’autre
le peintre fait rebondir le mystère.
Même si de prime abord, on peut avoir le sentiment qu’il s'agit
d'une peinture figurative spontanée, très colorée, brute, inspirée
par la culture populaire (la musique rock, la bande dessinée,
etc.). En s’approchant du sujet, on aperçoit la peinture de François
Lagrange oscillant entre une tradition picturale assez classique
formellement et une récurrente rage de vivre…malgré tout, au-delà
de la « gniake no future », qui fait écho à un nouvel expressionnisme
à l’opposé du manga.
Pascale Bornibus,
janvier 2008
(Voir texte de Pascale Bornibus - catalogue In Extremis Venissieux 2010)
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